Cauchemar...

« Hé…Vous…Tu m’entends ? »
L’obscurité totale. Juste une voix lointaine traversait la nuit noire.
"Tu m'entends ? Réponds-moi !"
Répondre ?! Il voudrait bien… Mais il était incapable de prononcer un seul mot.
Il faisait froid… Et puis cette obscurité… Personne n’était là pour le sauver, comme toujours.
Personne.
Nao hurla, mais aucun mot ne sortit de sa bouche.
Soudain, des milliers d’yeux luisants le regardaient dans la pénombre… Ils brillaient d’une lueur malveillante
« Chose inutile, nous t’avons jamais aimé, nous ne voudrons jamais de toi, jamais, bâtard ! »Des paroles résonnaient de tous côtés
« Regardez, c’est le petit Nao… Il n’est qu’un bon à rien, pauvres parents, je les plains d’avoir un boulet pareil sur le dos »
*Non… Non ce n’est pas vrai ! C’est moi qui suis à plaindre !!*
« Nao le sans ami ! Nao le sans ami ! »
« Il a vraiment des parents ? Je n’ai jamais vu sa maman le récupérer à l’école ! »
*Non… Arrêtez !!!*
Les voix étaient maintenant synchronisées pour n’en former qu’une seule, raisonnante comme un écho
« Inutile, inutile, inutile… »
*arrêtez…
ARRETEEEEZ !!*

Nao se réveilla en sursaut, haletant. Ses draps étaient mouillés par la sueur de l’angoisse.
Des murs blancs, une odeur de mort et de médicaments. Un hôpital ? Mais que faisait-il ici ?
Son cœur battait vite. Trop vite. Son pouls pulsait sous ses tempes.
Il se recroquevilla sur son lit, en priant pour que ces horribles voix dont il entendait encore les murmures se taisent.

Parfois je me demande d'où me vient cette bonté d'âme si soudaine, je m'exaspère moi même. Mais bon je ferais mieux de lui faire une fiche de soin, même si ce n'est pas à moi de m'en occuper. Maintenant qu'on lui ait fait prendre un bain, il a l'air de ressembler vraiment à quelqu'un. Mais cela dit...son poids n'est pas normal si l'on se fit à sa taille. Des blessures inexplicables, ecchymoses en tout genre, engourdie par le froid et aussi maigre qu'un sac dos...personne ne l'a jamais vu dans le coin alors difficile de dire qui il est, ni où il vit et avec qui. Je vais le nommer...le petit inconnu...à son réveil il voudra surement manger, je vais devoir demander qu'on lui prépare quelque chose de nourrissant. J'espère juste que ce n'est pas un goinfre comme le dernier patient qu'on a eu et qui ne se rassasiait jamais...
Cela dit, ce n'est pas vraiment moi qui l'ait soigné, enfin en partie. Je dois lui constituer un dossier médicale...au nom de petit furet malade, ça sonne bien je trouve. Bref assez plaisanter, je ferais mieux d'aller voir s'il est en état de parler. On ne sait jamais si l'envie lui prend de me raconter son histoire ou je ne sais quelles élucubrations...
Bien je pense que je vais ouvrir un département psychologie dans cet hôpital d'après ce que je vois là, c'est complètement aberrant. Tourmenté dans son sommeil, limite s'il ne se met pas à parler. A-t-il quelque chose à se reprocher?
Et bien, il se réveille enfin le petit inconnu. Un peu brusquement certes mais il s'est réveillé, cela dit je crois bien qu'il ne m'a pas vu. Il a l'air perdu...il doit surement se reprocher quelque chose. Hm, il se renferme sur lui même dans la position du foetus...je vais ouvrir un département psychologique ! Je m'avance donc vers le sommier de son lit, les mains posées fermement sur la bar de fer.

"Bienvenue à l'hôpital de Hoshi city. Je suis Yuki Pantera, directeur de cet hôpital et c'est moi qui t'es emmené ici. Ton état n'est pas inquiétant, tu pourras partir dès que je l'aurais décidé. Parce que je compte bien savoir pourquoi tu avais l'air autant agité dans ton sommeil."

Il se redresse alors et me fixe avec des yeux ronds. Son regard disait "mais qu'est-ce qui se passe ?" Il se passe que comme je suis responsable de lui, j'ai le droit de savoir pourquoi il était ainsi. Non ?

"Tu as quelque chose à te reprocher ? C'est pourquoi tu semblait faire un cauchemar ou quelque chose qui y ressemble ? Mais il y a encore plus important et j'allais omettre ce détail...as-tu de la famille ou des amis a prévenir ? Tes parents savent-ils où tu trouves en ce moment même ?"

C'est alors que son regard, d'abord perdue, devint triste puis assez en colère. Il se mit presque que sur la défensive.

"Quoi ? ...Au fait tu désires manger je suppose ?"

"Bienvenue à l'hôpital de Hoshi city. Je suis Yuki Pantera, directeur de cet hôpital et c'est moi qui t'es emmené ici. Ton état n'est pas inquiétant, tu pourras partir dès que je l'aurais décidé. Parce que je compte bien savoir pourquoi tu avais l'air autant agité dans ton sommeil."

Nao se redressa sec. Un homme brun se tenait devant lui. Ses yeux… Les mêmes yeux dorés et vicieux que dans son rêve....Et cette voix... Celle qui lui parlait... C'etait la même aussi.
Il le regarda droit dans les yeux, un regard inquiet, se demandant ce qu’il pouvait bien faire ici. pourquoi donc l’avait-on amené dans cet hôpital ?!

"Tu as quelque chose à te reprocher ? C'est pourquoi tu semblait faire un cauchemar ou quelque chose qui y ressemble ? Mais il y a encore plus important et j'allais omettre ce détail...as-tu de la famille ou des amis a prévenir ? Tes parents savent-ils où tu trouves en ce moment même ?"

Des parents ? Des amis... Ah, ces gens-là . Ces personnes qui ne lui voulaient que du mal. Non…Non il ne voulait pas qu’on le ramène chez lui. Tout mais sauf ça… Argh il ne devait pas pleurer, pas devant lui.
Il fronça les sourcils
*Et puis merde, c’est ma vie j’en fais ce que je veux, c’est pas lui, là, qui va me ramener chez les autres ordures…*

"Quoi ? ...Au fait tu désires manger je suppose ?"

Manger… Ah manger . C’est vrai qu’il n’avait plus l’air de grand-chose, tellement il était amaigri.
Son ventre criait famine, mais finalement, il murmura un simple :

«Qu’est ce que je fais ici ? »

Avant de plonger ses grands yeux ocres d’un air interrogateur dans ceux de l’inconnu.

«Qu’est ce que je fais ici ? »

Il plongea ses yeux dans les miens. J'ai cru y lire une détresse...mais cette couleur ocre qui émanait de son regard semblait pâlir...

Il avait murmuré ses mots, comme s'il avait peur que je lui fasse quoique soit. Je me redresse donc.

"Tu as perdu connaissance sur la place publique. Tu as violemment heurté le sol. Et je t'ai emmené ici pour que tu bénéficies de soins à propriés. Mais dis moi...qu'est-ce qui est la cause de toutes ces blessures ?"

Il regarde légèrement son corps à la recherche de blessures. Il n'a pas l'air de vouloir répondre.

"Quel est ton nom ?"

Il me fallait bien un nom à mettre sur ce visage et dans le dossier médical. Il regarde à droite et à gauche comme s'il cherchait la réponse quelque part. Il semble qu'il murmure quelque chose mais bon je n'ai pas l'ouïe aussi fine...enfin si mais c'est une autre histoire. Je ne vais pas le manger tout de même.


"Tu as bien un nom, n'est-ce pas ? Quel est-il ? Je te laisserais partir ensuite..."

Même si ce n'est pas réelement mon intention. Parce que j'estime qu'un enfant de cet âge n'a absolument rien à faire dehors tout seul, et dans un état pareille. Je le regarde alors, espérant une réponse.

"Tu as perdu connaissance sur la place publique. Tu as violemment heurté le sol. Et je t'ai emmené ici pour que tu bénéficies de soins à propriés. Mais dis moi...qu'est-ce qui est la cause de toutes ces blessures ?"

Ces blessures-là ? Ce ne sont que des égratignures...
Il scruta son corps. Les pieds, les jambes, pour s’arrêter sur son épaule. Elle était toujours là. Douloureuse et visible, celle qui était le fruit de ses cauchemars.

"Quel est ton nom ?"

Nao n’écoutait qu’à moitié les paroles du jeune homme. Cet hôpital était visiblement assez vide. Pas un seul bruit dans les couloirs, il aurait pourtant juré que ce genre de bâtiment était agité d’habitude.
Soudain, il se figea à l’écoute du mot « nom ».
Un nom. Il en avait bien un, mais…
Il était intimidé. La personne qui se tenait en face de lui devait bien faire un mètre 80. Ses yeux d’or le fixaient à l’attente d’une réponse, l’air froid et grave.
D’une voix hésitante, il finit par murmurer :

« Je ne veux pas retourner là-bas »

Apparemment, il avait parlé trop bas, l’inconnu n’eut pas semblé entendre

"Tu as bien un nom, n'est-ce pas ? Quel est-il ? Je te laisserais partir ensuite..."

Son apellation… Le mot par lequel on l’apellait. Celui avec lequel sa grand-mère l’avait nommé. Non, même pas ses parents, ils étaient trop dégoûtés pour le faire.
Encore ces frissons... Il commençait à trembler

« N-Nao… Je m’appelle Nao Watanabe… Je ne veux pas rentrer… »

« N-Nao… Je m’appelle Nao Watanabe… Je ne veux pas rentrer… »

Je me demande bien de quoi peut-il avoir peur. Et où 'est-ce qu'il ne souhaite pas rentrer ? Je souris bien malgré moi en passant nerveusement une main dans les cheveux. Ce petit n'a pas l'air tranquille. Même si physiquement il récupère, il y a encore du boulot à faire pour qu'il cesse d'angoisser.

"Bien", je soupire alors, "on va t'ammener à manger et après si tu veux...tu pourras rester ici pour la nuit."

Il hôcha la tête sans rien ajouter de plus.

"Je suis a mon bureau si tu as besoin de quoique soit...au mieux il y a les infirmières."

Et je quitte la pièce, mains dans les poches. Je me demande ce que je vais bien pouvoir faire de lui. Et si j'appelais ses parents ? Inutile...j'ignore d'où il vient. Hm et si j'alertais la police, peut-être qu'ils ont un avis de recherche ou quelque chose du genre. J'espère qu'il n'a pas de problème. A-t-il un lieu où dormir une fois qu'il quittera l'hôpital ? Je ne suis pas vraiment en état de réfléchir.

"Directeur!!!", crie une infirmière à mon égard.

Je me retourne juste à temps pour voir Nao qui tente de s'enfuir. Je l'attrape par le bras et il se stop net tout en grimaçant. L'aurais-je fait mal ? Et alors que je m'appréte a lui demander où est-ce qu'il comptait s'enfuir, le petit prend les devant.

"S'il vous plait ! Je ne veux pas rentrer !"

De quoi a-t-il peur ?

"Bien tu ne rentreras pas mais au moins laisse moi prévenir tes proches o..."

"Ne dites rien à personne !"

Je me tais un moment. Je préfère ne pas le lâcher de peur qu'il se sauve pour de bon. Je fronce les sourcils.

"Je vais prévénir la police alors."

"Ne dites rien à personne !"

Je crois comprendre qu'un "s'il vous plait" s'échappe de ses lèvres et il baisse la tête.

"Alors dans ce cas...ne t'enfuie pas...je paris que tu n'as pas d'endroit ou rentrer une fois que tu auras quitté l'hôpital."

J'ai vu juste. Il baisse la tête, se mordant la lèvre, tentant de réfléchir je suppose. Sans pour autant le lâcher je le ramène à sa chambre.

Il ébouriffa nerveusement ses cheveux. Malgré tous ses efforts il ne pu s’empêcher de rougir. Heureusement, il ne sembla pas l'avoir remarqué.
Un sourire, minuscule soit, mais un sourire se dessina sur la bouche de l’homme.
A ce moment, il ne lui sembla plus aussi froid qu’il y a quelques instants.

Nao écoutait distraitement le directeur. Partir. Il devait sortir d’ici au plus vite.
L’homme quitta la pièce sans refermer la porte, et, spontanément, il se jeta vers la fenêtre.
Après tout, il n’en avait pas grand-chose à faire, de sa vie.

« Directeur ! »

Zut, cette satanée infirmière l’avait rattrapé au dernier moment, tirant sur sa robe d’hôpital.
Si elle le rattrapait… Il n’aurait plus aucune chance de s’enfuir, et on le renverrait de force chez lui.
L’homme le prit fermement par le bras. Un peu trop fermement. Son épaule émit une vive douleur.
Il tourna ses yeux pleins de détresse vers le directeur.

"S'il vous plait ! Je ne veux pas rentrer !"

Nao se mit à trembler

"Je vais prévenir la police alors."

Non…Non…Il ne voulait pas revenir là-bas…

"Ne dites rien à personne…S’il vous plaît… »

Il baissa la tête, serrant ses poings. La colère se mélangeait à l’inquiétude. Personne ne ramènerait chez ces monstres… Ces monstres qui ne lui avaient jamais accordé aucune importance.

"Alors dans ce cas...ne t'enfuie pas...je paris que tu n'as pas d'endroit ou rentrer une fois que tu auras quitté l'hôpital."

Là, Nao se crispa encore plus, serrant les poings. Il n’avait pas tort… C’était même la réalité à laquelle il ne pouvait pas échapper.
Il se mordit la lèvre intérieure de frustration tellement fort qu’elle commença à saigner. Le goût du sang se mélangeait à la salive à l’intérieur de sa bouche.

L’homme ne le lâchait pas. Et il n’avait pas l’air d’en avoir l’intention.
Là c’en était trop. Jamais, au grand jamais, personne, même pas Dieu lui-même, ne le forcerait à retourner dans cette maison.
Nao se libéra, fronça les sourcils, se mit face au jeune homme,le regarda avec arrogance et déclara d’un air fourbe :

«Et si je venais chez toi ? »

«Et si je venais chez toi ? »

Je reste subjuguer par cette question plus ou moins inattendue. Il veut venir chez moi ? Moi ? Le solitaire par excellence, enfin je juge que vivre seul est un concept formidable. Je ne fais pas dans l'humanitaire...alors...une petite minute. Je trouve qu'il a beaucoup gagné en assurance tout d'un coup. Et quelle arrogance dans le regard. Qu'est-ce qui peut justifier cette confiance qu'il vient d'avoir ?

L'héberger ? C'est absurde...et qu'est-ce que je ferais de lui ensuite ? Un enfant, seul, qui n'a pas de proche...qui ne veut pas voir ses proches, je rectfie. Qu'est-ce que j'y gagnerais ? Et ce sourire...que je qualifie de malveillant...que j'ai envie d'effacer à coup de scalpel.

Je soupire alors, tentant de trouver un compromis qui nous metterais d'accord. Je n'en trouve aucun !

"J'ignore ce qui te traverse l'esprit en ce moment...mais je ne peux pas t'héberger chez moi...Hoshi city est une grande ville, tu trouveras surement quelque chose..."

Je suis obligé de m'arrêter de parler. J'ai l'impression qu'il me lance un défi, juste à la façon dont il me regarde. Malheureusement, je crois bien que je viens de m'attirer des ennuis.

"Si je te dis non...tu me suiveras quand même, n'est-ce pas ?"

Ce que je vois, aurait pu donner des frissons à n'importe qui. Moi, je m'attends au pire...son sourire tranche son visage, un sourcil arqué...je crois bien qu'il s'apprête à m'exposer son idée. Mais je sais que quoique je fasse, il ne me lâchera pas...

"Si je te dis non...tu me suivras quand même, n'est-ce pas ?"

Nao sourit. Non pas qu’il était heureux, mais personne ne savait exactement ce que signifiait ce sourire.
Un sourire ironique et arrogant, presque cruel.

« Tu… »

Cela ne servait à rien de le vouvoyer. De toutes façon toutes ces ordures d’adultes ne valaient pas mieux les uns les autres…
Il mit une main sur sa hanche d’un air provocateur.

« Et si c’était le cas, tu m’abandonnerai ? »

Il fallait tenter le tout pour le tout. C’était ça ou alors rejoindre les autres, même au prix d’être effronté et jouer la carte de la pitié.

Sa queue de furet duveteuse claquait l’air avec insistance. Il devait accepter, coûte que coûte.

A n'importe quel prix.

Je ne peux pas lui tordre le cou, je me ferais arrêter pour meurtre...

"Je ne te dois rien à ce que je saches !'

"Mais voyons Directeur !", proteste l'infirmier qui aurait mieux fait de se taire, "vous ne pouvez pas laisser un enfant vivre tout seul !"

"C'est pour ça que tu l'hébergeras", je termine alors, tentant de repartir tranquillement...hélas.

"Je ne peux pas vous savez, monsieur le directeur...j'ai mon petit ami chez moi et ...heu"

Je m'exaspère devant tant de...enfin bref . Et ce gamin qui me regarde avec autant d'insistance ! Je n'ai plus beaucoup de temps, j'ai des ouvrages à aller acheter alors s'il pouvait se rendre compte que je ne veux pas de lui...

"Directeur ?"

"Qui a-t-il ?" je demande, fatigué.

"Soyez généreux...le temps qu'il trouve quelque chose !"

"Herberger le vous alors !"

"Mais...", grince cet infirmier.

J'en ai assez, entre un gosse qui me défit du regard et un infirmier qui prétend avoir quelqu'un, alors que je dois sortir faire des achats...

"Il y a intérêt à ce que ta présence me soit utile...mais que ce soit bien claire, je te laisse une semaine et je trouve que je suis très généreux"

Son sourire devient un véritable poison...