Enfin.
Au moins, son voyage –ou plutôt, sa fugue- aurait aboutit à quelque chose. Une mystérieuse île, séparée de la terre ferme par l’océan bleu et glacé.
Il faisait froid. Les courants d’air marin rentraient à l’intérieur de ses vêtements déchiré pour lui mordre la peau. Son seul moyen de se réchauffer était de souffler vainement sur ses doigts statiques.
Mais même ainsi il n'aurait voulu pour rien au monde, revenir vers ces personnes qu'il était censé appeler "parents"
Des dizaines de blessures décoraient sa peau rougie par le gel, mais cela n’était rien comparé à « ça ».
Son épaule lui faisait mal, comme si des milliers d’aiguilles lui transperçaient la chair.
Sans compter que la faim lui tiraillait le ventre, saillant ses côtes , car il n’avait pas mangé –ou très peu- depuis plusieurs jours.
Son visage était crasseux, couvert de terre. Ses ongles noirs étaient rongés par l'angoisse, tandis que l'on pouvait voir d'immenses cernes bleuâtres accumulés par la fatigue lui tirer les paupières.
Sa silhouette fantomatique marcha un instant sans savoir où elle allait, puis, à bout de force, sachant que sa fin était proche, s’effondra sur le sol en un bruit sourd.
Des larmes brûlantes coulaient maintenant de ses yeux vides.