« Call me perfection. » - Shane Joy Matthews

Shane est ce qu'on appelle communément un « beau » et élégant jeune homme. Son physique le représente comme un personnage charismatique et énigmatique, souligné d'une aura raffinée qui saurait même fasciner beaucoup d'incrédules. Tout est dans la manière de se mouvoir : lente, calme, confiante. Une vraie hypnose. Son corps est musclé, sans pour autant avoir ces biceps saillants que certains aiment montrer en paradant, et se tient parfaitement droit, d'une manière naturelle qui se différencie largement des poses qu'ont généralement ces gracieuses danseuses de ballet aux airs sévères. Son assurance est parfaitement imprégné dans le moindre de ses gestes, comme une cicatrice à jamais gravée dans la peau, et c'est cette présomption qui généralement attire les regards intéressés, curieux, captivés. Ses cheveux d'ébène mi-longs se dissipent peu avant ses larges épaules, doux comme la soie sinon le satin, encadrant ainsi un visage d'ivoire au galbe fin et parfaitement bien écarri : pour ne pas dire une vraie oeuvre d'art. Ses yeux perçant bleux foncés, couleur plutôt rare à croiser dans ce bas-monde, prennent toujours le temps de scruter les alentours, parcourant les lieux d'un regard analyste et calculateur. Plus bas s'écoulent un nez pointu et une paire de lèvres délicates qui servent de forteresse à deux rangées de dents droites, régulières et bien entretenues.

Côté vestimentaire, le jeune homme ne se casse jamais vraiment la tête, préférant enfiler des chemises simples ou encore de larges t-shirts qui le mettent à l'aise. Il ne se coiffe d'ailleurs jamais, conservant cette apparence relâchée qu'accusent ses cheveux en bataille, et ne fait pas parti de ceux qui se maquillent malgré son apparence un brin effeminée.

« ▬ Quel sera son prénom ?
▬ Shane. Shane Joy Matthews... »

Né dans un modeste hôpital au Japon, Shane Joy Matthews a vécu, pour la plupart de son enfance, comme les autres. C'était un enfant sage et serviable, tout sauf turbulent, qui attirait sans problèmes les sympathies des adultes qui le considéraient comme adorable. « Un vrai p'tit ange, c'lui-là ! » disait-on. Timide comme tout, il a passé le plus clair de son temps en retrait, attendant qu'on vienne vers lui plutôt que d'aller rejoindre les autres qui n'hésitaient pas à s'amuser.

Comme tout le monde, le bambin alla à l'école. Il étudia, se forgea peu à peu un caractère avec le temps. Jusqu'à ses 12 ans, tout allait bien : cependant, un événement s'imposa cruellement dans sa vie. Et tout s'écroula, comme un château de cartes qui s'affaisse par un simple coup de vent.

Ce jour-là s'était déroulé comme tous les autres. Sac sur le dos, le gamin marchait comme toujours jusqu'à son école, musique dans les oreilles. Sa mère lui avait minutieusement préparé son dîner, ses devoirs avaient sagement été complétés et il avait amplement dormi, prêt à affronter une nouvelle journée de travail. Sur le chemin, il croisa un homme d'affaire, qui courait, valise en mains. L'inconnu était probablement en retard, à en juger la panique teint sur son visage ; il était si absorbé par les excuses qu'il préparait d'avance qu'il ne remarqua pas l'enfant qui marchait, juste en face de lui. Il le bouscula et l'insulta, furieux, avant de continuer sa course contre la montre. Le malmené, de son côté, n'avait rien écouté. Il était resté là, droit comme un piquet, l'oeil rond, choqué et paralysé. Une horrible sensation lui avait traversé l'échine, une sensation de peur, d'angoisse, d'affolement. Une sensation qui n'était pas la sienne.

Plusieurs événements semblables se produirent. Chaque fois qu'il effleurait quelqu'un, une agitation étrangère l'attaquait et l'effrayait. Shane tenta d'en parler à ses parents, qui firent fis de ce qu'il disait, lui expliquant que c'était normal d'être confus à son âge. Le jeune garçon n'en parla plus, mais n'en ressenti pas moins les vagues dévastatrices. Il devint encore plus refermé sur lui-même, se recroquevillait dans sa solitude pour ne pas même frôler les gens.

Vint cependant le moment où ses parents le crurent : mais néanmoins pas pour le même phénomère. La mère de Shane était une cuisinière née. Elle adorait jouer avec les saveurs, préparer des plats paradisiaques pour les papilles gustatives. Comme tout le monde, cependant, elle n'est pas parfaite ; vint le moment inévitable où elle s'entailla le doigt, par mégarde. Son fils, inquiet pour elle, vient vérifier si elle n'avait rien : il pris sa main dans la sienne et à l'instant même où leurs peaux se rencontrèrent, la blessure n'était plus. Il n'était pas normal.